Le harcèlement moral au travail peut provenir d’une femme haut placée dans l’entreprise, une femme dont la parole vaudra toujours plus que la vôtre. Faute de preuves tangibles, vous manquerez de témoignages. Vous-même penserez : « C’est peut-être moi qui divague, moi qui imagine des choses… » Tout le monde a peur d’elle, ou plutôt, tout le monde a peur pour sa place. Aujourd’hui, elle vous persécute, demain, sa cible, ce sera quelqu’un d’autre. Réagir ou Partir ? Une prise de décision qui n’est pas toujours facile.
Lamia a vécu ce que l’on pourrait appeler un harcèlement moral dans son lieu de travail. Elle se revoyait dans le roman de Delphine de Vigan « Les heures souterraines », et comme le personnage principal, elle a quitté quand il était trop tard, quand tout était cassé, quand elle était cassée.
Quelque chose n’est plus. Ça peut être le manque de respect d’un de ses supérieurs hiérarchiques, tout comme ça peut être sa jalousie vorace. Les raisons sont multiples, la liste est longue, mieux vaut ne pas rentrer dans les détails.
Lamia réalisait des choses importantes que lui ou elle n’arrivera jamais à faire. Elle était jolie, même séduisante, appréciée des autres collègues. C’est ridicule, impensable et impossible pour elle, mais pour cette personne, c’était le pire des outrages (Fait à Sarah Keller… Plaisanterie à part, personne ici ne s’appelle Sarah Keller).
Donc, ce supérieur – en général, une femme – souffre cruellement de n’avoir ni mari, ni enfants et qui faute de bonheur familial et de joyeux marmots, a pour seul objectif de pourrir l’existence de Lamia. Sa jeunesse, sa fraicheur, éveillent en elle une blessure peut être plus précieuse que la vie, une blessure pire qu’une maladie. C’est un cancer, c’est son cancer, et elle fera tout pour l’éradiquer, tout pour l’effacer, tout pour que vous partiez.
Lamia, ça peut être vous aussi, ça peut être n’importe qui.
Des idées comme de mauvaises herbes pourries, ne manqueront pas à germer dans l’esprit du supérieur hiérarchique ; on vous isolera de la société : un autre étage, un autre bâtiment, qu’importe, qu’on ne vous voit plus ! La possibilité de vous mettre dans les toilettes du coin n’est pas sans leur déplaire mais ils n’oseront jamais ; ce sera leur rêve secret. On vous fermera les portes du côté de votre bureau afin de n’avoir pas accès à l’ascenseur, et qu’à cela ne tienne, on vous défendra d’ouvrir les fenêtres, en plein mois d’aout et sans climatiseur, en faisant allusion à la terrible pollution qui guette chaque particule oxygénée, à la noirceur soudaine des murs, aux égouts qui peuplent nos rues.
Crise financière oblige, vous continuez à revenir. Votre patron et vos collègues sont quand mêmes adorables, vous les côtoyez chaque jour, le sourire aux lèvres sans jamais rien confier de vos déboires…
La supérieure hiérarchique ne comprend pas votre réaction si insipide, si désinvolte ! Ma parole, vous la chercher ! C’est donc votre faute si elle ne s’arrête pas là et qu’à votre étage seulement, elle coupera l’eau et l’électricité dans les toilettes. La mauvaise odeur est loin de leur faire peur. Ils se croiront imbattable, mieux, indolores…
Le harcèlement au travail, n’est pas à prendre à la légère. Un supérieur hiérarchique peut aller loin dans ses machineries, dans ses mesquineries. Une tactique des plus redoutables peut se mettre en travers de votre route. Le cercle se resserre quand il y a des complices.
Soyez courageux. Soyez patients mais sachez partir quand il le faut. Quand ça ne devient plus possible, il faut se dire que quelque part, ailleurs, quelque chose de mieux nous attends.
Dalila Hannouche