UN JOUR J’OUVRIS LES YEUX SUR CE MONDE

Ce texte a été écrit lors du concours PlumArt organisé par la librairie Art et Culture à Oran. Le thème du concours s’intitulait « Raconte-moi la ville d’Oran ». C’était en 2014. Si vous saviez quelle a été ma joie lorsque j’appris ma récompense le deuxième prix ! Cela signifiait une chose :  mon texte avait su toucher le jury.

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Un jour j’ouvris les yeux sur ce monde, dans un pays rempli de tourmentes, mais  dans une ville qui mérite que l’on raconte l’histoire de ceux qui l’ont aimé ainsi que de ceux qui  l’aiment encore.

Je ne connaissais ni les rues d’Oran, ni son histoire, mais voilà qu’un concours d’écriture m’a poussé à découvrir son âme, à me plonger dans ses entrailles ! Une mer, des monuments, des anciens Day sous l’air Ottoman,ne seraient pas suffisants pour dévoiler les mille et une facettes d’Oran.

Wahran el bahiya, Oran, la belle, l’envoûtante, la ville où jadis les lumières ne s’éteignaient pas, la ville où l’on marchait sur ses trottoirs pour que les visages se reflètent avec joie. Si on a voulu la conquérir par d’innombrables colonisations répétées, on aura bien vite compris que cela serait sans succès,puisque au lieu de la conquérir, c’est nous qui avons été conquis.

Si le cœur vous semble lourd, si vous sentez qu’il n’y a pas d’échappatoire aux alentours, rendez-vous donc prés de Front de mer, vous y trouverez la consolation escomptée. Un des moments les plus magiques est certainement lorsque les lumières des bateaux avenants se mêlent avec les étoiles du ciel,c’est un pur enchantement, un délice pour les yeux, un spectacle ouvert à tout public, même aux plus miséreux.

La richesse d’Oran se situe dans son mélange de cultures, de langues et de religions.Il n’y a qu’à visiter la Cathédrale du Sacré Cœur pour s’en rendre compte.Transformée en bibliothèque municipale, elle accueille les amoureux du livre,ouvre grand ses bras, élargit ses couloirs, laisse pénétrer la lumière divine,comme pour nous offrir son consentement et réunir dans la paix deux religions : l’islam et le christianisme.

Il y a également un endroit qui me fascine ; lieu de recueillement, de consolation aux Oranais ayant perdu leur proche, elle représente à mon humble avis la couronne d’or de l’Oranie. Construite en hommage aux victimes de la terrible épidémie de Choléra qui frappa la ville en 1834, la Chapelle de Santa Cruz attire jusqu’à aujourd’hui  curieux et avertis.

« Ave Maria », peut-on lire sur la description latine de la majestueuse statue qui représente la vierge Marie. Penchant légèrement sa tête sur la ville portuaire, elle demeure là, à veiller sur nous ; et son visage affectueux,son regard rassurant, pénètre le cœur tumultueux d’Oran.

Notre ville demeure un mystère, une énigme, elle cache ses secrets, ses personnages historiques. Mais elle n’est pas si avare de nous offrir son savoir, elle donne volontiers ce qu’elle a, à ceux qui cherchent et demandent sur son passé, son présent et  son avenir. Elle est la partie d’un tout, et c’est les habitants d’Oran qui forment ce tout.

À ma façon, je laisse également ma trace sur Oran, les pierres que je superpose sont les souvenirs que je garde d’elle. J’avoue qu’il m’arrive de m’indigner,de me mettre en colère, de me révolter face à ceux et celles qui ne croient plus en elle, mais heureusement, il y a encore ses fidèles, ils se battent,vantent sa gloire par d’exquises poésies, et leur rire mêlée au chant de l’espoir, nous fredonnent fièrement et avec victoire: « Oran, tu es et demeureras la perle de l’Algérie ! ».

Dalila Hannouche

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