Un anniverssaire sans toi

Je suis entrain de faire de l’ordre dans mes écrits. Je retrouve des textes, des poèmes, des notes. Parmi eux se trouvait un poème que j’avais composé quelques jours avant mon anniverssaire. Je venais de perdre ma grand-mère, et l’idée de fêter cela n’avait aucun sens. Tout ce que je voulais, c’était le passer la journée avec elle, à sa dernière demeure.

Près de ta tombe, je dormirai sur la terre

Sur nous, une pluie fine tombera,

Toutes deux, nous resterons blotties dans le froid,

Tandis qu’une bougie, sur un gâteau, brûlera.

A peine deux mois que tu me disais :

« Ma fille, c’est bien le 31 mai ton anniversaire ?

Ma fille, je voudrais que tu sois heureuse et masstoura

Ma fille, quand je mourrai, j’aurais surtout peur pour toi.

Qu’est-ce que tu vas devenir avec ce caractère trop franc ?

Moi je te pardonne tout, mais moi, je ne suis pas les gens

Tu parles aux autres comme si tu parlais à ta grand-mère

Mais les autres ne sont pas tous bons, et toi, tu es trop sincère » 

            

Je m’inclinais et prenais ta main que je baisais tendrement : « Ma Reine,

Tu as trop raison dans tout, et ta sagesse est suprême

Mais écoute-moi : Les autres, on s’en fou, c’est de ton bonheur qu’il s’agit

Toi seule sur cette terre est mon unique souci 

De jour comme de nuit, je ne pense qu’à te garder près de moi

Malade ou flétrie, tu demeures ma plus grande joie »

Bien des nuages sont passés depuis,

Un tourbillon de tempête, un tourbillon de folie

Qui a saccagé ce que j’avais de plus cher

Emportant au loin cet ange, ma mère.

Poème de Dalila Hannouche

Près du Masjid El Rahman…

L’oiseau posé sur une branche d’arbre
Chantait ses louanges près du Masjid El Rahman
L’oiseau regardait la fontaine qui faisait couler son eau claire
Devant une jeune fille voilée et en grande peine.

L’oiseau chantait ses louanges près du Masjid El Rahman
La jeune fille pensait à la mort et à ses arcanes
L’oiseau continuait son chant, glorifiant la beauté des cieux
La jeune fille, elle, n’avait dans son cœur qu’orages pluvieux.

Sa grand-mère, qui était un ange, reposait là
Près du Masjid El Rahman où chantait l’oiseau las
De regarder la jeune fille pleurer et le soleil lui bruler les joues
Sa grand-mère qui était son pillier dans une vie de fous

Par hommage à cet amour, elle avait planté un oeillet
Qu’un passant, la veille, avait jalousement arraché,
La pauvre grand-mère s’était retournée dans sa tombe
Pensant que sa fille, en voyant ça, allait pleurer encore.

L’oiseau recommença à chanter près du Masjid El Rahman,
Le soleil se couchait et le ciel se poudrait d’or
La vieille grand-mère dans sa tombe, assistait dans son impuissance
Au chagrin de sa fille qui pleurait encore.


Poème de Dalila Hannouche – L’ œillet –