J’ai peu de photos de ma mère, mais il me suffit de me regarder pour la voir.
Sa beauté surpassait cependant les traits de mon visage.
Sa voix était plus douce, et plus fine que la mienne. On aurait dit l’eau d’un ruisseau qui coulait, tellement il faisait bon de l’entendre.
C’était une femme-enfant, d’une naiveté désespérante. Elle aurait aimé avoir huits enfants, tous jouant autour d’elle.
Elle a peu vécu, mais elle n’a aimé qu’un homme : mon père.
Elle était incomprise, battante. Elle était triste, elle était seule au monde.
Elle avait Dieu, tout puissant. Elle connaissait le Coran par coeur.
Dans sa souffrance, déchirante de ses derniers instants, elle récitait au milieu de ses hurlements Sourat El Rahman.
Jamais je ne l’ai vu plus courageuse qu’à cet instant.
J’aurais aimé mieux la connaître, j’aurais aimé pouvoir parler d’elle plus souvent.
Allah Yarham ma mère qui s’en est allée à mon âge à peu près. Trop tôt.