Aveugle à force de pleurer

A l’école primaire, on nous avait parlé d’une poétesse arabe « El Khanssa ». En plus de ses poésies, elle était connue pour avoir pleuré son frère durant toute sa vie.

Nombre de ses poèmes ne parlent que de sa tristesse sur ce cher frère tué lors d’une bataille. Lorsqu’elle devint aveugle à force de larmes, elle rencontra le prophète Mohamed, Paix et Bénédiction soient sur lui, qui apporta la guérison dans son coeur. Elle finit par embrasser l’Islam.

Je me souviens de ma réaction lorsque j’étais enfant à propos de ce deuil inconssolable : « Pleurer son frère avec tant d’acharnement. N’était-ce pas trop ? ».

Il y a deux ans, jour pour jour, que j’ai perdu ma grand mère, qui était ma mère et ma meilleure amie. Je comprends El Khanssa, à présent. Cette peine qui n’est pas vaincue, ni atténuée malgré le temps. Une peine qui ne s’use pas comme l’amour que je lui porte. Parfois, je pense qu’il suffirait qu’on me pousse, pour que je tombe. Je ne résiste plus face à la cruauté du monde des vivants. Dans mon coeur, un seul espoir, que ma grand-mère et moi soyons réunies dans un monde de paix.

Allah yarhamha.