Femme-enfant

J’ai peu de photos de ma mère, mais il me suffit de me regarder pour la voir.

Sa beauté surpassait cependant les traits de mon visage.

Sa voix était plus douce, et plus fine que la mienne. On aurait dit l’eau d’un ruisseau qui coulait, tellement il faisait bon de l’entendre.

C’était une femme-enfant, d’une naiveté désespérante. Elle aurait aimé avoir huits enfants, tous jouant autour d’elle.

Elle a peu vécu, mais elle n’a aimé qu’un homme : mon père.

Elle était incomprise, battante. Elle était triste, elle était seule au monde.

Elle avait Dieu, tout puissant. Elle connaissait le Coran par coeur.

Dans sa souffrance, déchirante de ses derniers instants, elle récitait au milieu de ses hurlements Sourat El Rahman.

Jamais je ne l’ai vu plus courageuse qu’à cet instant.

J’aurais aimé mieux la connaître, j’aurais aimé pouvoir parler d’elle plus souvent.

Allah Yarham ma mère qui s’en est allée à mon âge à peu près. Trop tôt.

L’envie, le besoin, la soumission… aux mots.

Les mots reviennent, presque tout seuls. Ils encombrent mon esprit. Ils se mettent en file d’attente. Ça veut sortir, former des phrases. Prendre place. Écrire une histoire.

Les mots se soumettent à moi. Et jamais, ils n’ont été aussi puissants, aussi vrais. Jamais ils n’avaient décrits si bien ce que je ressens, ce que je veux transmettre.

Les mots, ils sont de retour. Et même temps, ils ont toujours été là.

J’ai essayé de leur faire silence. Dès que je baissais ma garde, une phrase venue de je ne sais où s’imposait dans toute sa beauté. Mais avec quelle dureté, je la faisais se taire, sans cacher un soupçon de regret…

« Ah, quelle était belle cette phrase. Je l’aurais placé dans telle histoire, au milieu de tel chapitre. Pas au début. Juste avant la fin. Mais pas tout à fait. Il aurait fallut un dialogue.  » , et j’imaginais la scène. Et tout devenait vivant.

Actuellement, je me bat contre ma nature première. Écrire. Écrire en pensant. Écrire en dormant. Écrire en parlant. Écrire en marchant.

Et si je me laissais aller aux mots, à leur danse, à leur fougue, à leur folie? Qu’adviendra-t-il de moi ? Et si je me perdais dans une histoire inventée de toute pièce et que j’y trouvais refuge. Loin du monde. Si loin…

L’incertitude de demain

Baignée dans l’incertitude de demain, et dans la certitude d’aujourd’hui. Que l’espoir n’est pas loin, tant que le combat se poursuit.

Il y a des jours bien sûr, où le devoir du combat est lassant. Je philosophe, je me perds. Mais tout se fait silence lors de mes prières…

Tout est lumière, tout est beau, quand je lève mes deux mains au ciel. Et tout est joie, tout est fête, quand en dormant, je vois le visage de ma grand-mère.

Aragon disait que, malgré tout, sa vie fût belle. Je ne savais pas alors que même la douleur, et le drame avait une authenticité unique, une résilience farouche, une générosité très douce…

Le Maître

« Il était une fois un Maître qui parlait à une foule. Son message était si merveilleux que chacun se sentait touché par ses paroles d’amour. Dans la foule se trouvait un homme qui avait écouté chacune de ses paroles. Cet homme était très humble et avait un grand cœur. Il était à ce point touché par les propos du Maître qu’il ressentit le besoin de l’inviter dans sa demeure.

Lorsque le Maître eut fini de parler, l’homme traversa la foule jusqu’à lui, le regarda dans les yeux et lui dit : « Je sais que vous êtes très occupé et que tout le monde désire votre attention. Je sais que vous avez à peine le temps de m’écouter. Mais mon cœur est tellement ouvert et je ressens tellement d’amour pour vous que je désire vous inviter chez moi. Je souhaite vous préparer le meilleur des repas. Je ne pense pas que vous acceptiez, mais il fallait quand même que je vous le dise. »

Le Maître regarda l’homme dans les yeux et, arborant le plus beau sourire, lui dit : « Prépare tout. Je serai là. » Puis, il s’en alla.

À ces mots, une joie intense emplit le cœur de l’homme. Il était impatient de pouvoir servir le Maître et de lui exprimer son amour. Ce serait le jour le plus important de sa vie : le Maître sera avec lui. Il acheta la nourriture la plus savoureuse, le meilleur vin et trouva les plus beaux habits à offrir au Maître. Il rangea toute sa maison, prépara le plus merveilleux repas et dressa une table magnifique. Son cœur débordait de joie, car le Maître serait bientôt là.

L’homme attendait avec impatience lorsqu’on frappa à la porte. Tout fébrile, il alla ouvrir, mais au lieu du Maître, il découvrit une vieilledame. Celle-ci le regarda dans les yeux et lui dit : « Je meurs de faim. Peux-tu me donner un morceau de pain ? »

L’homme était un peu déçu que ce ne soit pas le Maître. Il regarda la femme et lui répondit : « Je vous en prie, entrez dans ma maison. » Il la fit s’asseoir à la place qu’il avait préparée pour le Maître et lui donna la nourriture qu’il lui destinait. Mais il était impatient et pressé qu’elle ait fini de manger. La vieille femme fut touchée de sa générosité. Elle le remercia et partit.

À peine l’homme avait-il à nouveau dressé la table pour le Maître qu’on frappa une nouvelle fois à la porte. Cette fois-ci, c’était un étranger qui venait de traverser le désert. Il regarda l’homme dans les yeux et lui dit : « J’ai soif. As-tu quelque chose à me donner à boire ? »

À nouveau, l’homme était un peu déçu que ce ne soit pas le Maître. Mais il invita l’étranger chez lui, l’installa à la place préparée pour le Maître et lui servit le vin qu’il avait destiné à ce dernier. Lorsque l’étranger fut parti, il remit tout en ordre pour la venue du Maître.

On frappa de nouveau et en ouvrant, l’homme vit un petit enfant. Celui-ci le regarda et lui dit : « J’ai froid. As-tu des habits pour me couvrir ? »

L’homme était un peu déçu car ce n’était toujours pas le Maître, mais il regarda l’enfant dans les yeux et sentit l’amour emplir son cœur. Il ramassa rapidement les vêtements qu’il voulait donner au Maître et en revêtit l’enfant. Celui-ci le remercia et partit.

Une fois encore, l’homme prépara tout pour le Maître, puis attendit patiemment jusque tard dans la nuit. Lorsqu’il réalisa que le Maître ne viendrait pas, il fut déçu, mais il lui pardonna instantanément et se dit : « Je savais que je ne pouvais m’attendre à ce que le Maître visite mon humble demeure. Bien qu’il ait dit qu’il viendrait, sans doute quelque chose de plus important l’a retenu ailleurs. Il n’est pasvenu, mais au moins il m’a dit qu’il le ferait, et cela suffit à rendre mon cœur heureux. »

Il rangea tranquillement la nourriture et le vin, puis alla se coucher. La nuit même, il rêva que le Maître se rendait chez lui. L’homme était heureux de le voir, mais il ne savait pas qu’il rêvait. « Maître, vous êtes venu ! Vous avez tenu parole. » Le Maître lui répondit : « Oui, je suis là, mais je suis déjà venu avant. J’avais faim et tu m’as rassasié. J’avais soif et tu m’as donné ton vin. J’avais froid et tu m’as donné des vêtements. Quoi que tu fasses pour autrui, tu le fais pour moi. »

L’homme se réveilla : son cœur débordait d’allégresse parce qu’il avait compris le message du Maître. Ce dernier l’aimait tant qu’il avait envoyé trois personnes pour lui donner la plus grande des leçons : le Maître vit en chacun. Lorsque vous nourrissez celui qui a faim, que vous abreuvez celui qui a soif ou que vous réchauffez celui qui a froid, vous exprimez votre amour au Maître. »

« La maîtrise de l’amour » par Don Miguel Ruiz

Aveugle à force de pleurer

A l’école primaire, on nous avait parlé d’une poétesse arabe « El Khanssa ». En plus de ses poésies, elle était connue pour avoir pleuré son frère durant toute sa vie.

Nombre de ses poèmes ne parlent que de sa tristesse sur ce cher frère tué lors d’une bataille. Lorsqu’elle devint aveugle à force de larmes, elle rencontra le prophète Mohamed, Paix et Bénédiction soient sur lui, qui apporta la guérison dans son coeur. Elle finit par embrasser l’Islam.

Je me souviens de ma réaction lorsque j’étais enfant à propos de ce deuil inconssolable : « Pleurer son frère avec tant d’acharnement. N’était-ce pas trop ? ».

Il y a deux ans, jour pour jour, que j’ai perdu ma grand mère, qui était ma mère et ma meilleure amie. Je comprends El Khanssa, à présent. Cette peine qui n’est pas vaincue, ni atténuée malgré le temps. Une peine qui ne s’use pas comme l’amour que je lui porte. Parfois, je pense qu’il suffirait qu’on me pousse, pour que je tombe. Je ne résiste plus face à la cruauté du monde des vivants. Dans mon coeur, un seul espoir, que ma grand-mère et moi soyons réunies dans un monde de paix.

Allah yarhamha.

Près du Masjid El Rahman…

L’oiseau posé sur une branche d’arbre
Chantait ses louanges près du Masjid El Rahman
L’oiseau regardait la fontaine qui faisait couler son eau claire
Devant une jeune fille voilée et en grande peine.

L’oiseau chantait ses louanges près du Masjid El Rahman
La jeune fille pensait à la mort et à ses arcanes
L’oiseau continuait son chant, glorifiant la beauté des cieux
La jeune fille, elle, n’avait dans son cœur qu’orages pluvieux.

Sa grand-mère, qui était un ange, reposait là
Près du Masjid El Rahman où chantait l’oiseau las
De regarder la jeune fille pleurer et le soleil lui bruler les joues
Sa grand-mère qui était son pillier dans une vie de fous

Par hommage à cet amour, elle avait planté un oeillet
Qu’un passant, la veille, avait jalousement arraché,
La pauvre grand-mère s’était retournée dans sa tombe
Pensant que sa fille, en voyant ça, allait pleurer encore.

L’oiseau recommença à chanter près du Masjid El Rahman,
Le soleil se couchait et le ciel se poudrait d’or
La vieille grand-mère dans sa tombe, assistait dans son impuissance
Au chagrin de sa fille qui pleurait encore.


Poème de Dalila Hannouche – L’ œillet –

Lettre de Beethoven à L’immortelle Bien-aimée

Mon Ange, mon tout, mon moi … pourquoi ce profond chagrin, lorsque la nécessité parle – Notre amour peut-il survivre autrement que par des sacrifices, qu’en ne réclamant pas tout, peux-tu changer que tu ne sois pas toute à moi, et moi pas entièrement à toi _ Ah Dieu contemple la belle nature et apaise tes esprits au sujet de ce qui doit être – l’amour exige tout et à bon droit, ainsi en est-il de moi avec toi, de toi avec moi – seulement tu oublies si facilement que je dois vivre pour moi et pour toi – si nous étions totalement réunis, tu ressentirais cette douleur aussi peu que moi…

…. si nos cœurs étaient toujours serrés l’un contre l’autre, je n’en ferais pas de semblables, ma poitrine est pleine de choses à te dire – Ah – il y a des moments où je trouve que la parole n’est encore rien du tout – égaye-toi – reste mon plus fidèle et seul trésor, mon tout, comme je le suis pour toi, quant au reste, ce sont les Dieux qui doivent nous envoyer ce qui doit être pour nous obligation et devoir.

Déjà du lit mes idées se pressent vers toi mon immortelle bien-aimée, de temps en temps joyeuses, puis de nouveau tristes, attendant du destin de savoir s’il nous écoutera – vivre je ne le puis que totalement avec toi ou pas du tout, oui, j’ai décidé d’errer au loin jusqu’à ce que je puisse voler dans tes bras et me dire chez moi auprès de toi, que je puisse envoyer mon âme tout entourée de toi dans le Royaume des esprits – oui hélas cela doit être – tu le comprendras d’autant mieux que tu connais ma fidélité envers toi, jamais une autre ne pourra posséder mon cœur, jamais – jamais – Oh Dieu pourquoi faut-il se séparer de ce que l’on aime tant, et pourtant ma vie à V. comme maintenant est une vie misérable – Ton amour fait de moi le plus heureux et le plus malheureux à la fois – à mon âge j’aurais maintenant besoin d’une uniformité d’une égalité de vie – cela se peut-il étant donné notre liaison ? – sois calme – aime-moi – aujourd’hui – hier – quel désir baigné de larmes vers toi – toi – toi – ma vie – mon tout – Adieu – Oh continue de m’aimer – ne méconnais jamais le cœur tant fidèle de ton bien-aimé

L.

à jamais à toi
à jamais à moi
à jamais à nous

L’inspiration, cette étincelle !

Quand on imagine un personnage, on ne peut pas s’empêcher de fouiller dans notre mémoire; un visage nous revient, un regard, un geste. Puis soudain, c’est l’étincelle. Le début d’une histoire, d’autres personnages apparaissent. Un sentiment rare et précieux nous attire vers eux. Nous sommes dans l’immersion. C’est l’aventure du roman…

Cette photo est celle de Alice Liddell, la petite fille pour laquelle Lewis Caroll a écrit Alice au pays des merveilles. J’avoue qu’elle est très inspirante : )

Alice Liddell, la petite fille pour laquelle Lewis Caroll a écrit Alice au pays des merveilles

Qu’est ce qu’un conte ?

Les contes, c’est le rêve. C’est l’espoir que tout n’est pas perdu. C’est la volonté qui se relève contre le mauvais temps et ses imprévus.

Les contes, c’est pour toi et pour moi, c’est pour cet enfant qui se niche au fond de nos cœurs, cet enfant qui a soif d’aventure et voudrait se laisser guider au bonheur.

Les contes, c’est pour le repos de l’esprit, pour le sourire qui se dessine au coin des lèvres, pour les étoiles qui s’allument dans le noir de la pupille, pour la justice qui triomphe contre le malheur.

Les contes, c’est universel, c’est pour les petits et pour les grands. C’est la Petite Ondine, c’est Pinocchio, Blanche Neige et les grands classiques. C’est aussi ‘Révèle-moi ton secret’ et sa dimension… magique !

En espérant que ce texte vous plaise, je vous souhaite une bonne lecture du livre ☺️ Si vous avez envie de vous le procurer, je serai ravie de vous renseigner sur les lieux de vente. Merci !

Le pouvoir de la gentillesse

Il y a deux qualités que je préfère le plus chez les gens, ce sont l’intelligence et la gentillesse. L’intelligence est stimulante tandis que la gentillesse est rassurante. Dans ce cours extrait (voir l’illustration) du livre ‘Révèle-moi ton secret’, je partage avec vous un passage dans lequel Jord apprend une nouvelle qui brise tous ses espoirs de bonheur. Le vieil homme qui lui annonce le drame, le fait avec beaucoup de tact. Sa gentillesse émeut Jord…