Un poème que j’ai écrit il y a quelques années. Une nuit, vers deux heures du matin, penchée à mon balcon, j’ai vu passer une femme. C’est elle qui m’a inspiré ces vers.
– Une femme –
Quand la nuit recouvre son voile dans l’onde
La rue, terrifiante, dévoile ses bourreaux,
Spectres fous, ils sondent les proies défaillantes
Les corps qui se traînent, affaiblis et mous.
Derrière ma fenêtre, j’aperçus une de ces victimes
Une jeune fille, une guenille, O chaste petit cœur
Qui courbée sous le lourd fardeau du malheur
Errait sans pensées, le front sombre et penché.
Belle de désespoir, elle était comme une rose
Dont les rafales de l’amour avait arraché les pétales
Aucun passant ne daignait jeter sur ce visage morose
Quelque compassion, mais quelques foudres fatales.
Femme parmi tant d’autres dont la lumière luisante
Semble engloutie sous la morale qui gronde,
Qui se couvre d’un voile sombre et épais,
Pour éviter les regards curieux de sa nudité.
Mais qu’importe les épreuves, lève la tête
Prends exemple sur Wassyla Tamzali , et Djamila Bouhired
Epouse les idées fécondes de Assia Djebbar
Et Chantes comme Taos Amrouche, l’oubliée de l’histoire !
O femmes, mères, et enfants, soyez maîtresses de vos destinées
Et que ces vers soient pour votre cœur chancelant un appui assuré.
Texte de : #dalilahannouche
Illustration : « Travelogue Painting » de Anissha Deshpande